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Discours sur l’état de l’Union : la Commission européenne toujours aussi déconnectée

Billet d'humeur 17 septembre 2021

Cette semaine avait lieu à Strasbourg l’un des moments les plus importants de la vie politique européenne : le discours sur l’état de l’Union de la présidente de la Commission Ursula von der Leyen. Ce discours de politique générale est à la fois un bilan de l’année écoulée et des perspectives de l’année à venir. Très attendu par le microcosme européen, il n’est pourtant quasiment pas diffusé par les médias français… Alors qu’il permet d’entrevoir ce qui nous attend pour l’année à venir. Et autant vous le dire tout-de-suite : cela ne laisse rien présager de bon.

Pour être honnête, le discours de von der Leyen n’a rien d’une surprise et reste fidèle à la politique qu’elle a menée jusqu’à présent. La présidente de la Commission s’est bien sûr auto-satisfaite de sa merveilleuse gestion de la crise Covid. Nous n’avons manifestement pas vécu de la même manière ces deux dernières années... L’Europe incapable de produire le matériel sanitaire de base ? Oublié ! Les États qui se volent les masques entre eux ? Pas entendu parler ! Et bien sûr, aucun regret de s’être couché devant les big pharmas en leur garantissant l’opacité des contrats sur les vaccins et en bloquant la levée des brevets à l’OMC. Pour la Commission, les profits des labos passent ainsi avant l’intérêt général.

Sur le reste, von der Leyen a parlé en long et en large d’Europe de la défense, de TVA à 0% sur le matériel militaire (bizarrement la TVA à 0% sur les produits de première nécessité est toujours interdite par l’UE)... Mais n’a en revanche pas dit un mot sur l’explosion de la pauvreté en Europe et la question sociale. La présidente de la Commission est tellement isolée dans sa tour d’ivoire qu’elle n’a aucune idée de la réalité des conditions de vie des gens depuis la crise Covid, de la peur du lendemain, des licenciements, des fins de mois difficiles.

De manière générale, comme Macron en France, von der Leyen nous a ressorti le double-discours habituel. Elle se félicite du “Green Deal" européen alors même que le “paquet climat” de la Commission ne permet pas de respecter l’Accord de Paris. Von der Leyen dit “autonomie stratégique” mais continue de signer et négocier des accords de libre-échange à la pelle plutôt que de permettre une relocalisation des activités en Europe. Elle nous parle d’accueil des réfugiés afghans alors qu’en réalité l’UE est incapable de se coordonner pour accueillir les demandeurs d’asile et préfère payer les pays frontaliers pour sous-traiter l’accueil. 

Le bilan de von der Leyen est en réalité catastrophique. D’abord parce qu’elle a montré sa terrible impuissance, notamment face à la dérive autoritaire des gouvernements d’extrême droite polonais, hongrois et slovènes, qui bafouent les principes démocratiques de base et violent les droits des femmes et des personnes LGBT en tout impunité. Ensuite parce qu’elle reste totalement enfermée dans ses dogmes et qu’elle refuse de tirer les leçons de la pandémie. Alors que nous sommes au cœur de la crise, elle n’attend qu’une chose : rétablir les règles du carcan budgétaire européen sur les niveaux de déficit et de dette. Alors que la libre-concurrence a montré son inefficacité totale, elle continue de ne jurer que par le marché qui est censé apporter toutes les solutions, même sur la question écologique. On se retrouve ainsi avec une extension du marché carbone totalement inefficace, et dont la facture sera payée in fine par les ménages.

Il y avait pourtant tellement mieux à dire et surtout à faire ! La priorité absolue aujourd’hui, c’est d’enclencher la bifurcation écologique et sociale. En acceptant de rompre une bonne fois pour toutes avec le libre-échange, le carcan austéritaire et le marché. Et en se donnant les moyens de nos ambitions avec une taxe sur les transactions financières et un impôt universel des multinationales qui pratiquent l’évasion fiscale.

2022 sera une année clef pour faire bouger les lignes en Europe avec notamment la Présidence française du Conseil. Pour réaliser les bifurcations écologiques et sociales nécessaires, il faudra être prêt à assumer une stratégie de confrontation, pour obtenir des avancées et appliquer notre programme dans tous les cas. Et nous n’hésiterons pas à recourir si nécessaire à tous les leviers de rapports de force au Conseil et de désobéissance aux règles qui bloquent la mise en œuvre d’un projet de rupture social et écologique. Nous avons déjà perdu assez de temps : c’est en étant prêt à agir parfois seuls en éclaireur que nous pourrons emmener avec nous d’autres États membres pour construire une Europe des peuples.

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