L’ensemble des groupes politiques, hormis La Gauche, main dans la main pour détruire le Green Deal en reportant le devoir de vigilance et la directive sur le reporting extra-financier
Le 03 avril 2025,
Le vote sur le report des directives CSRD (reporting extra-financier) et CS3D (devoir de vigilance)
marque une étape significative dans le détricotage du Green Deal entamé par la Commission
européenne, à la demande des lobbies des multinationales, relayés par la droite et l’extrême
droite et rejoints dans leur vote par les macronistes, les socialistes et une partie des Verts
européens..
Sur le fond, cette décision envoie un signal très grave : pour l’Union européenne, il est plus urgent de protéger les bénéfices des multinationales que de protéger les travailleurs, les droits humains et l’environnement. Pour rappel, la directive sur le devoir de vigilance vise à rendre les entreprises juridiquement responsables des crimes commis tout au long de leur chaîne de production.
En d’autres termes, à les empêcher de se dédouaner en accusant leurs sous-traitants, lorsqu’elles ont accusées d’avoir recours à des formes d’esclavage, ou de détruire la nature en polluant allégrement. Le directive CSRD demande quant à elle aux entreprises de rendre des comptes sur leurs activités, notamment pour les encourager dans la transition écologique. Nombre d’entre elles ont par ailleurs exprimé leur soutien à ces lois, auxquelles elles se préparent depuis maintenant deux ans. Les modifier maintenant ne ferait que plonger les entreprises dans plus d’incertitude, alors qu’elles ont besoin de prévisibilité.
La volonté de reporter l’application de ces textes est donc non seulement absurde, elle est aussi dangereuse car elle fait perdurer un système dans lequel les multinationales détruisent des ressources communes et exploitent les plus précaires en toute impunité. Sur la forme, la procédure enclenchée par la Commission européenne est tout aussi problématique.
Non seulement elle s’attaque à des textes votés démocratiquement il y a à peine un an, mais elle le fait sous une forme accélérée qui affaiblit considérablement le rôle du Parlement européen dans la prise de décision. Nous déplorons que les macronistes aient choisi le camp des climatosceptiques en s’alliant à la droite et à l’extrême droite pour torpiller cette législation pourtant essentielle à notre avenir.
Nous regrettons que les socialistes et une partie des verts européens les rejoignent dans cette décision inconsciente. Le report de ces textes n’est qu’un début : la prochaine étape sera la réouverture des directives pour s’attaquer à leur contenu. Et sous couvert de simplification, la droite risque tout simplement de détruire le principe même du devoir de vigilance. Notre délégation reste pleinement mobilisée pour les droits humains et pour la bifurcation écologique et fera tout son possible pour maintenir le niveau d’ambition initial de ces textes.
Manon Aubry
Députée européenne la France Insoumise
Présidente du groupe de la Gauche au Parlement européen
Arash Saeidi
Député européen la France Insoumise
membre de la commission JURI