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Condamnation des crimes de guerre de Poutine : cessons les caricatures et regardons la réalité des votes

Billet d'humeur 6 décembre 2022

La semaine dernière Raphaël Glucksmann a interpellé la France Insoumise sur Twitter pour sous-entendre notamment que notre délégation au Parlement européen n’était pas claire dans sa condamnation de l’agression russe contre l’Ukraine. Cette manipulation n’est pas acceptable. Inventer de fausses divisions pour tenter d'exister en affaiblissant au passage la NUPES n'est pas à la hauteur de l'enjeu. Je vous explique ce qu’il en est en réalité.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, le Parlement européen a examiné 24 textes sur le sujet incluant à la fois la condamnation de l’agression russe, les sanctions contre le régime de Poutine ou encore l’aide financière & militaire de l’Union européenne à l’Ukraine. Notre délégation insoumise les a tous votés sans exception. Nous ne souffrons donc d'aucune ambiguïté sur le soutien sans faille à apporter au peuple ukrainien. Je n’ai par ailleurs cessé de dénoncer les atrocités commises sur les populations civiles. 

Alors pourquoi cette polémique absurde sur notre soi-disant “abstention face au fascisme” comme l’écrit Raphaël Glucksmann ? Parce que la résolution qu’il évoque et sur laquelle nous nous sommes effectivement abstenus ne se limitait pas à une simple condamnation légitime et nécessaire des crimes de Vladimir Poutine. Elle s’aventurait également dans un nouveau concept "Etat soutenant le terrorisme", souvent résumée en “Etat terroriste” que nous contestons pour plusieurs raisons.  

Ce concept n’a d’abord aucune valeur juridique en droit international. Vladimir Poutine doit bien évidemment être jugé mais il faut alors qualifier les actes commis par l’armée russe et le groupe Wagner de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Et il faut agir pour qu’ils soient documentés et instruits par les cours internationales compétentes. C’est d’ailleurs ce que nous avons toujours soutenu au Parlement européen et ce que j’ai personnellement demandé dans l'hémicycle

Ce concept est par ailleurs contre-productif. Si Joe Biden (alors que les Etats-Unis sont à l’origine de cette notion) et Emmanuel Macron se refusent à qualifier la Russie d’”Etat terroriste", c’est parce qu’ils savent parfaitement que cela risquerait de sceller les dernières chances de négociations. L’urgence à court terme est bien sûr de continuer à aider au maximum l’Ukraine, financièrement comme logistiquement, mais l’objectif reste un retour à la table des négociations. Qu'on le veuille ou non, le seul chemin pour la paix sera in fine une voie diplomatique. 

Ce sont pour ces mêmes raisons que les groupes verts et socialistes ont d’ailleurs voté comme nous un amendement (déposé par les verts) qui visait à supprimer la référence à ce concept d’”Etat promoteur du terroriste” et a malheureusement été rejeté de peu.  Ironie de l’histoire, Raphaël Glucksmann lui-même (avant de changer son vote après coup), a voté pour cet amendement et donc contre la notion d'"État terroriste”. L’ensemble des socialistes et des verts au niveau européen ont fait de même.

Ce texte contenait d’autres points avec lesquels nous étions d’accord et que nous avons soutenus : la dénonciation des bombardements contre les civils, l’appel à étendre les sanctions et le soutien à l’Ukraine, la condamnation des milices privées du groupe Wagner, etc. Notre délégation a voté pour toutes ces mentions, par exemple le paragraphe déclarant que “les atrocités commises par la Russie contre la population civile de l'Ukraine constituent des actes de terreur & des crimes de guerre”.  

Ce n’est donc pas par “compromission” avec Vladimir Poutine que nous nous sommes abstenus sur le vote final de l’ensemble de la résolution, mais parce que nous sommes critiques du concept d’“Etat terroriste” à la fois bancal en droit international et contre productif dans la résolution du conflit. Nous ne sommes pas les seuls à avoir tenu ce raisonnement : le Président du groupe des verts, Philippe Lamberts, qui avait exprimé en amont à la conférence des présidents de groupe des réserves similaires, s’est également abstenu sur le vote final du texte.

Raphaël Glucksmann a choisi de voter pour et je respecte bien sûr sa décision. Mais monter en épingle ce vote en occultant les questions qu’il pose pour sous-entendre comme il le fait que nous ne serions pas “clairs” vis-à-vis de Poutine est au mieux de la manipulation, au pire de la malhonnêteté. La guerre en Ukraine et les crimes commis par la Russie de Poutine sont suffisamment graves pour ne pas supporter cette instrumentalisation odieuse.

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